L’oiseau du paradis ou paradisier est l’une des créatures les plus rares et sauvages. Sa période de reproduction s’étale d’août à juillet, autrement dit toute l’année. L’oiseau mystérieux développe ad vitam aeternam un art raffiné de la séduction. Ses parades joyeuses et libérées attirent les regards autant que son ramage à l’image des toilettes d’une grande séductrice. 

La soie drape dans son dos des ailes naissantes, dessine une allure incisive et sophistiquée. Chaque silhouette correspond à un moment de vie: une nuisette pour se plaire, un tailleur pour convaincre ou une robe de soirée qui renverse. Les couleurs qu’elle arbore font surgir des éclairs de rouge, de vert et de bleu, au cœur d’une ambiance sourde et naturelle. Mais, attention ! Son destin sous le bras, la femme oiseau n’est pas farouche. L’admirer se mérite. Ses griffes et ses bagues ressemblant à des lames, ont un effet dissuasif sur les prétendants mal avisés ; de formes phalliques, ses accessoires rappellent qu’au jeu viril du « qui a la plus grosse ? » c’est toujours une femme qui gagne.

Comme un plumage fait d’odeurs, le parfum achève la panoplie de séduction. Dans le genre féminin, aucune composition ne dit plus « viens à moi » que celles de type chypre. Celle-ci est faite d’un patchouli épuré, taillé comme un fourreau échancré dans la plus belle des matières et, ainsi que le réclame le canon, elle est ornée d’une rose. Une tension se joue entre la propreté muguet et l’animalité du castoréum sur un fond de résines ancestrales. Oui, l’amour est un oiseau rebelle.