Errance d’un garçon sur fond de villes éteintes. Mécanicien à l’aube, chiffonnier dans l’ombre. Une casse où s’amassent carcasses et squelettes de voitures prend des airs de terrains de jeu. Le garage recèle de trésors, de carrosseries tordues, d’uniformes découpés.

À la manière d’un alchimiste, il entrepose, accumule, transforme, réinvente un vestiaire mixte sur la base de tabliers, combinaisons, sous-pull, et gants. Il découd sa combinaison pour en faire un long manteau, retourne son t-shirt de mécanicien ou fait d’une portière un sac à outils.

Les couleurs ? Tranchées et contrastées, inspirées des peintures de voitures et du bleu de travail.  Ces parures brutes et monolithiques, habits du réel façonnés d’imaginaire, n’en sont pas moins empreintes de poésie et de beauté. Lorsque l’élastique d’une combinaison se transforme en plissé fait main, brodé d’écrous.

Témoin d’un geste vivant.

Cric, clé, pompe, les outils bruissent dans le garage autant qu’ils dégagent une odeur mécanique et métallique. Dans ces étincelles olfactives, une nappe d’huile enfle, et brille de toutes ses irisations. Contraste du chaud et du froid. Penché sous le capot, les mains dans les entrailles alumineuses, le mécanicien respire la machine. La graisse de moteur nourrit son habit, nourrit son cuir.