O., âgé de 40 ans, travaille depuis vingt-quatre ans dans le métier. « Tout change si vite. Il n’y a pas un bâtiment qui ne soit pas construit en moins d’un an et pourtant ça fait vingt-quatre ans que je suis dans le métier, et au moins une dizaine d’années que je m’habille comme ça pour venir au travail. »

Communauté omniprésente dans le paysage urbain nippon, les ouvriers et leurs paysages bâchés sont à l’origine d’une véritable obsession. Le risque de cette fascination était d’être réduit à une forme d’usurpation et d’appropriation culturelle. Dès lors, il s’agit de ne pas tomber dans ce piège mais de garder la puissance évocatrice et naïve du ressenti au moment du choc culturel.

Le point de départ de la collection est l’interview de deux ouvriers
japonais après leur journée de travail le 8 août 2017 dans le quartier de Shinjuku – Tokyo. Cette rencontre est d’abord un prétexte pour confronter le regard du designer à sa source d’inspiration dans une démarche documentaire. Finalement, plus qu’une source tangible d’information, l’entretien va mettre en lumière un malentendu implicite, qui devient une forme d’entre-deux culturel. De cette ambiguïté naît une figure hybride, une communauté empreinte d’un caractère composite, entre utopie
vestimentaire et réalité quotidienne.

Obéissant au protocole d’une fonction cryptée pour les non-initiés, ils revêtent leurs uniformes balisés de rouge et leurs gestes du quotidien deviennent une chorégraphie rituelle. 

— Chantier interdit au public ignorant les règles de cet ordre.

Au souvenir de la créatrice, répond celui tout aussi personnel du parfumeur : jeune étudiant au Japon, Julien Rasquinet se rappelle l’infranchissable barrière linguistique. Son parfum a l’odeur d’un vieux livre énigmatique encore imbibé d’encre, mais aux caractères indéchiffrables. C’est aussi l’odeur de la poussière, du plâtre et du béton des chantiers, hommage aux héros de la collection. Enfin, pour dire la candeur du regard posé sur l’autre, un nuage de chocolat réconfortant.