Sur un papier sépia, surgissent des formes aux courbes irrégulières. Des figures dépouillées ont été déposées à l’encre noire, vestiges d’un instant d’introspection et d’égarement. De cette composition naît un alphabet ponctué de silhouettes figées à l’allure androgyne et énigmatique. Hallucinées, elles se détachent du papier pour investir la matière et se faire vêtement. Les pièces s’imprègnent des fantômes des silhouettes sur-dessinées. Les carrures strictes s’étendent vers le sol avec volupté ; l’emprunte d’une ossature anguleuse déforme l’armure d’une toile tailleur. Les silhouettes se meuvent, comme désincarnées, flottantes. Une vision symboliste inspirée par le peintre belge Léon Spilliaert, qui exprime un rapport singulier au corps et à l’espace.

Une atmosphère austère, des tailleurs stricts et des sillages d’allures protocolaires. Ça sent la fougère, illustre famille olfactive masculine. La rigueur d’effluves de lavande, de feuilles de géranium, de pin et de coumarine est soutenue par une touche de dihydromyrcenol, évoquant une propreté synthétique aseptisée. Ce spectre est éclairé par le triomphe d’une féminité aux réminiscences surannées, symbolisée par les aldéhydes, molécules qui ont fait les beaux jours de la parfumerie des années 30, et un cœur d’ylang, une fleur vintage également, mais rajeunie à la faveur d’une extraction épurée. Une nervosité douce se dégage de cette alchimie, prolongée par des nuages d’encens et d’immortelle, nostalgiques et intemporels.